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Parité au Grand Conseil neuchâtelois : La poule ET l’œuf # les responsabilités

Mercredi 29 mai 2019, midi : le Grand Conseil neuchâtelois enterre le projet de décret visant à élire 50 femmes et 50 hommes au Parlement cantonal. En tant que co-présidente des Femmes* socialistes suisses, députée au Grand Conseil, il m’était nécessaire de revenir sur cet épisode de la politique neuchâteloise.


D'un côté, je me réjouis qu'on débatte à ce propos, car c'est l'un des thèmes pour lesquels je m'engage au niveau national en tant que co-présidente des Femmes* socialistes suisses, et d'un autre côté, je ne peux que faire le constat que la représentation des femmes en politique reste un sujet sensible, un sujet qui passionne, notamment la toile. Mais ce qui me fâche surtout, c’est que ce débat donne l’impression qu’il suffit d’avoir la parité au Parlement pour obtenir l’égalité ou qu’il suffit de mesures en faveur de l’égalité pour obtenir la parité. La poule OU l’œuf en quelque sorte ? Je serais tentée de répondre la poule ET l’œuf.


# les responsabilités


La proposition socialiste partait d'un constat que personne ne remet en cause : les femmes sont sous-représentées dans les instances politiques. Il y a douze ans lorsque que je débutais en politique, le sujet était déjà en vogue, et je faisais alors partie des personnes pour qui les quotas n'étaient pas un sujet, même si, au niveau professionnel, en évoluant dans un métier majoritairement masculin (je suis géologue), je me heurtais déjà un épais plafond de verre.


Deux ans après mon arrivée au PS, je figurais sur la liste femmes du PS pour le Conseil national. Nous, femmes socialistes, savions que si nous voulions récupérer un deuxième siège et qu'il soit pris par une femme, nous devions user de cette stratégie - une liste hommes, une liste femmes pour deux sièges - pour y parvenir. Une stratégie que mon parti a soutenue, mais qui n'a malheureusement pas suffi.


Au niveau cantonal, la représentation féminine socialiste au Grand Conseil a évolué positivement. Il y a 6 ans, je reprenais la présidence d'un groupe paritaire. Un groupe qui a désigné par principe une représentation paritaire dans les commissions permanentes du Grand Conseil : des quotas en quelque sorte. A l’issu de cette législature, malgré le fait que nous n'atteignions pas la parité sur les listes, le groupe socialiste s’est retrouvé avec 60% des femmes. Je suis convaincue que c'est le fruit de la politique menée à l’interne, en rendant visible l'action des femmes de notre parti.


Des femmes aux postes importants tel que présidence de parti ou présidence de groupe doivent être des priorités. Les partis doivent mettre des stratégies en place telles que les « listes femmes » ou la place choisie sur une liste électorale. Ils ont également la responsabilité de donner une certaine visibilité aux candidates, de les promouvoir afin que les médias relayent aussi leur travail car on ne le sait que trop bien, les femmes restent sous-représentées dans les médias. C'est dans ce sens que le site votezfemmes.ch a été lancé et que les femmes* socialistes suisses ont revendiqué des listes paritaires pour le Conseil national et le même nombre de candidates et de candidats à l'échelon national. Un objectif qui semble être atteint. Mais est-ce suffisant ?


Les médias ont aussi leur rôle à jouer. Certains médias se questionnent comme le fait le Temps par exemple en publiant son baromètre de la parité. Un questionnement nécessaire à une problématique, mais pour laquelle des mesures doivent être apportées. D'autres médias estiment qu’ils doivent être le reflet de la réalité du monde. Et comme si les médias ne façonnaient pas un peu la réalité ?


Une chose est claire : cela aurait dû être de la responsabilité du Grand Conseil de montrer un signal fort pour une parité en son parlement. Et là, il n'y aurait plus eu aucune excuse de la part des médias pour ne pas présenter à leurs lecteur-trices ou téléspectateur-trices des hommes ET des femmes politiques.


La parité dans l'économie, dans la politique, dans la justice et dans les médias EST une mesure pour plus d'égalité ! Dans ce sens, à chacun ses responsabilités, pour soutenir concrètement des initiatives pouvant mener à cet objectif. C’est en agissant sur l’ensemble des leviers que l’on pourra tendre à l’égalité.



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