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Martine Docourt: «Faire entendre le point de vue scientifique »

ARCINFO Elections fédérales 2019 vues de Neuchâtel

Crédit photo : David Marchon


ÉLECTIONS FÉDÉRALES Nous avons reçu dans nos locaux dix candidats aux élections fédérales dans le canton de Neuchâtel. A nos yeux, ils sont les seuls susceptibles d’occuper un siège – au Conseil national ou aux Etats – à l’issue des élections fédérales du 20 octobre prochain. Candidate au Conseil des Etats, la socialiste Martine Docourt a pour elle son expérience professionnelle et ses réseaux à Berne. Elle veut défendre une politique climatique qui ne crée pas de nouvelles inégalités.


Candidate au Conseil des Etats, Martine Docourt est une des rares scientifiques au sein du Parti socialiste neuchâtelois. Mariée, mère de deux enfants, cette femme de 40 ans est une spécialiste en environnement.


Diplômée des universités de Neuchâtel et de Berne, ainsi que de l’EPFL, elle s’est perfectionnée au sein de l’Office fédéral de l’environnement en participant à la mise en œuvre de la loi sur le CO2. Actuellement, elle travaille pour le canton de Berne dans le domaine des sites pollués.


«En suivant ma formation, j’ai constaté à quel point les scientifiques étaient souvent absents du débat sur l’environnement, m’engager en politique était donc aussi un moyen de faire entendre le point de vue scientifique», confie Martine Docourt.


Choquée par la montée de l’UDC

Un engagement qui remonte à 2007. Choquée par la montée de l’UDC aux élections fédérales, elle se décide à ne pas rester les bras croisés devant son poste de télé. Elle entre alors au Parti socialiste. Elle a, depuis, gravi les échelons.

Ancienne conseillère générale à Neuchâtel, elle est députée au Grand Conseil depuis 10 ans et coprésidente des Femmes socialistes suisses depuis deux ans.


Je suis convaincue qu’une société plus égalitaire sera bénéfique.

MARTINE DOCOURT, CANDIDATE PS AU CONSEIL DES ETATS


«Je soutiens une politique climatique qui soit supportable pour l’ensemble de la population, elle ne doit pas augmenter ou créer de nouvelles inégalités, elle doit au contraire permettre de les réduire.»


A côté de l’environnement, la parité figure donc parmi ses priorités. «Si je m’engage dans ce domaine, c’est que je suis convaincue qu’une société plus égalitaire sera bénéfique pour les habitantes et les habitants de notre canton, notamment en regard de sa situation socio-économique particulière (réd: des salaires notamment plus bas qu’ailleurs en Suisse).» 


«Pour notre canton»

A Berne, si elle est élue, elle tentera, comme tous ses camarades socialistes, de s’attaquer à la problématique des primes d’assurance maladie. L’encouragement à la formation, à la recherche et à l’innovation (FRI) lui tient aussi à cœur. Dans ce domaine, le message FRI sera un des enjeux du début de la législature.


«Un message, hautement important pour notre canton, qui fixe les plafonds pour les financements des lieux de formation», rappelle-t-elle. Des plafonds qui sont systématiquement remis en cause par la droite lors du débat budgétaire. Et s’ils ne sont pas votés, ce sont plusieurs millions de charges supplémentaires pour un canton comme Neuchâtel.»


LE BON CÔTÉ DE LA MÉDAILLE Depuis quatre ans, Martine Docourt a tissé des réseaux à Berne, notamment comme coprésidentes des Femmes socialistes suisses. Elle s’est aussi impliquée dans des associations du canton (Amis de la Plage des Six-Pompes, Succès Egalité Mixité, notamment). Sans omettre son expérience acquise au Grand Conseil, où elle a présidé le groupe socialiste.


LE REVERS DE LA MÉDAILLE La socialiste est moins expansive que sa colistière Silvia Locatelli, la seule qui peut l’empêcher d’être élue. Et, bien que son mari soit chaux-de-fonnier, elle part avec un désavantage dans le haut du canton, où, nous disent les politiques, l’électeur a le biffage facile.


LOI SUR LE CO2: «ÇA VA DANS LE BON SENS MAIS ELLE NE CONCERNE QUE LES CONSOMMATEURS»


De grands thèmes vont agiter la vie politique fédérale les prochains mois. Êtes-vous favorable à l’élévation de l’âge de la retraite des femmes de 64 ans à 65 ans, comme proposé par le Conseil fédéral?

Non. Je n’arrive pas à comprendre que le Conseil fédéral revienne avec cette proposition alors que la population a refusé à plusieurs reprises l’augmentation de l’âge de la retraite. De plus, on est encore très loin d’une réelle politique d’égalité qui permettrait de gommer les inégalités qui conduisent à une rente moyenne des femmes de 40% inférieure à celle des hommes. Avec le projet du Conseil fédéral, seules les femmes seraient appelées à financer le renforcement de l’AVS. Enfin, cette proposition ne tient pas compte de la réalité du marché du travail dans lequel les travailleur-e-s de plus de 50 ans peinent à retrouver du travail en cas de licenciement.


L’avenir de nos relations avec l’Union européenne est lié à un nouvel accord-cadre. En l’état actuel, accepteriez-vous de le signer?

En l’état actuel, non. Il est évident que l’UE est un partenaire important, cependant, au vu notamment de la différence importante de coût de la vie avec nos voisins immédiats, il est impératif de protéger les salaires. D’autant plus que seuls 50% des travailleurs sont actuellement couverts par une CCT, c’est dire leur vulnérabilité en cas de non-accord sur la protection des salaires. C’est pourquoi des clarifications et des garanties sont nécessaires avant une signature.


Une nouvelle loi sur le CO2 devrait être discutée. Elle inclut notamment la taxation des billets d’avion. Une bonne décision?

Ça va dans le bon sens mais ne concerne que les consommateurs. Ce qui est aussi important, c’est de réfléchir à l’utilisation des revenus de la taxe. Le modèle choisi par le Conseil des Etats avec un retour à la population, aux caisses de compensation et le fond innovation, va dans le bon sens. Mais je suis d’avis qu’il serait préférable d’investir pour améliorer l’accessibilité des transports publics et notamment des trains de nuit pour les longs trajets. De manière générale, il faudra être attentif à ce que les systèmes de taxe soient socialement supportables.


Le National devra se prononcer sur la modification du droit du mariage. Elle permettrait le mariage pour tous. Y êtes-vous favorable?

Oui naturellement. L’orientation sexuelle ne doit pas réduire les droits.


Êtes-vous favorable à l’acquisition d’un nouvel avion de combat?

Non. Il y a d’autres priorités en ce moment, dont l’urgence climatique bien sûr. Dans le domaine de la défense, la cybercriminalité est un thème sur lequel nous sommes à la traîne et qui me paraît nécessiter des moyens plus immédiats.


Plafonner les primes d’assurance maladie à 10% du revenu d’un ménage, pourquoi cette initiative du PS?

Les primes augmentent chaque année et grèvent le budget des ménages. La solution proposée permettrait de mieux soutenir les ménages qui en ont le plus besoin, en tenant compte de la situation socio-économique des cantons. Le système deviendrait ainsi plus solidaire et les Neuchâtelois-e-s y gagneraient.


DITES TOUTE LA VÉRITÉ

Quand avez-vous pris l’avion la dernière fois? Pour aller où?

Décembre 2018 pour me rendre à Lisbonne à un congrès du PES (Party of European Socialists). J’ai étudié l’option d’un trajet en train, mais j’aurais mis plus de deux jours pour le voyage, ce qui n’était pas possible professionnellement.

Avez-vous une voiture? Quelle énergie la propulse? Mon mari et moi avons décidé de nous séparer de notre voiture il y a plus de deux ans. Ça n’était pas facile au début, avec deux enfants et en étant pendulaires tous deux, mais on s’y est fait.

Faites-vous vos courses en France?

Non, jamais.

Maîtrisez-vous l’allemand?

Oui. Je travaille depuis plus de douze ans à Berne, dans un milieu bilingue. Je comprends aussi en partie le suisse allemand. Par mon expérience, je sais aussi qu’il est important de parler l’allemand pour convaincre les autres parlementaires, d’autant plus aux Etats, où les débats n’ont pas de traduction simultanée.



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