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Budget 2023 - Mon intervention GC

Madame la Présidente,

Mesdames, Messieurs,


Situation exceptionnelle, charges extraordinaires, crédits supplémentaires sont les mots qui guident depuis 2020 nos débats en lien avec les finances cantonales. Le canton de Neuchâtel a pu faire face au différentes vagues COVID du point de financier. Ceci en raison de mécanismes financiers voulus par notre Parlement qui ont montré leur efficacité, même si leur mise en place a nécessité d’autres sacrifices.


Ainsi, à chaque étape, nous devions constater que l’Administration était mise sous pression et que des signes de fatigue du personnel se faisaient sentir. Au sein de l’administration mais également dans les entités paraétatiques. Même si d’un point financier, au niveau de l’État, nous avons pu y faire face, il ne reste que ces crises successives sont clairement aussi sociales. Et pour le groupe socialiste, il est primordial que cet aspect ne soit pas écarté des discussions. Des discussions d’aujourd’hui, mais des discussions futures qui seront plus que nécessaires - voire urgentes - dans de nombreux domaines.

A ces différentes vagues de pandémie, puis de réadaptation, se suivant sans répit, est venue se greffer la guerre en Ukraine. Là aussi, une nouvelle adaptation, nécessitant une grande réactivité, a été demandée aux différents actrices et acteurs étatiques, mais également à celles et ceux œuvrant dans les domaines du social et de la santé. Car la guerre en Ukraine, avec ses effets en cascade, amène de nouvelles problématiques et en exacerbe d’autres.


Une inflation grandissante qui impacte directement le pouvoir d’achat des habitantes et habitants de notre canton. L’augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie sont les conséquences de cette situation inflationniste, que la loi du marché et la spéculation aggravent encore.


Nous le savons, l’augmentation des prix de ces biens touche inévitablement différemment l’ensemble de la population neuchâteloise.



Cette situation plus que problématique s’aggrave encore davantage avec l’augmentation annoncée des primes d’assurance maladie. Une augmentation qui plonge un grand nombre de familles comme de personnes seules dans l’insécurité financière.


Une insécurité d’autant plus présente pour les personnes travaillant dans des métiers précaires, mais pas seulement. Avec l’intensité des hausses annoncées et les effets de l’inflation, c’est une grande partie de la population qui sera touchée, et qui le sera d’autant plus si les salaires ne sont pas indexés au coût de la vie, comme cela est pourtant réclamé par les syndicats.

C’est conscient de cette situation que les commissaires socialistes ont entamé les travaux au sein de la commission des finances. Pour le groupe socialiste, il était évident que le budget 2023 proposé par le Conseil d’État n’était pas satisfaisant.


Pas satisfaisant car il ne répondait pas à la situation actuelle et donc pas aux réalités d’un grand nombre de neuchâteloises et neuchâtelois. Mais ceci n’avait hélas rien d’étonnant au vu de la majorité PLR du Conseil d’État.


Et même si le gouvernement a pris en compte certaines de nos préoccupations, ce qui s’est traduit par l’augmentation de l’enveloppe des subsides LAMAL – une augmentation qui, devons-nous le rappeler, était au centre d’une recommandation acceptée lors de la session précédente - le rapport « Vie Chère », ne nous donnait toujours pas satisfaction.


Une insatisfaction provenant du fait qu’il ne tenait pas compte de la situation vécue dans les différentes institutions sociales et de santé de notre canton.


Insatisfaction car les compensations dans le domaine des subsides LAMAL restaient encore insuffisante.


Insatisfaction car les montants de l’aide matérielle de l’aide sociale ne voyaient aucune adaptation au renchérissement.


Insatisfaction car, nous pouvons le dire, la proposition du Conseil d’État ne répondait qu’aux sirènes de l’économie.


Mais j’entends déjà l’exécutif se défendre en prétendant que la révision de la fiscalité anticipée pour les personnes morales - qui fait suite aux décisions de l’OCDE - témoignerait de la participation de l’économie au bon fonctionnement de l’État et à ses finances.


Alors, certes, les entreprises vont participer à hauteur de 18 millions, mais ces montants ne proviendront que des entreprises qui déclareront un bénéfice. Bénéfices qui démontrent que ces entreprises – malgré les crises successives – se portent bien.


Et dans une telle situation, il est plus que normal et cohérent que celles d’entre elles qui ne subissent pas de plein fouet les tourmentes actuelles participent à l’effort, et ceci de manière soutenue. Car la relation État-entreprises ne peut pas seulement exister uniquement en faveur des entreprises.


De plus, nous profitons de l’occasion pour rappeler que la bonne santé de l’économie tient aussi au pouvoir d’achat des gens et donc au fait que les travailleuses et travailleurs que les entreprises neuchâteloises emploient voient leurs salaires indexés. Et nous encourageons dans la foulée le Conseil d’État à rappeler ceci dans les discussions qu’il mène avec les entreprises du canton.


A propos de discussions, il y a un point à mentionner - et qui est plus que regrettable pour le bon fonctionnement des institutions - les propositions du rapport « Vie chère » ont été élaborées par le Conseil d’État sans que les Communes soient associées.


Drôle façon de procéder dans une République, mais une pratique qui ne cesse hélas de se répéter. La crise COVID a laissé des traces et il est plus que nécessaire que le Conseil d’État reprenne le chemin de la concertation avec ses différents partenaires.

C’est pourquoi nous ne pouvons que comprendre les différentes personnes qui se sont déplacées dans la cour du Château la semaine dernière et aujourd’hui encore. Des personnes présentes – des infirmières et infirmiers, des travailleuses et travailleurs sociaux notamment - pour faire part de leur incompréhension et de leur colère quant à l’absence de considération dont a démontré le Conseil d’État durant le processus budgétaire.


Repousser à plus tard les discussions sur leurs revendications est indigne vis-à-vis de celles et ceux qui se sont engagés sans compter durant la crise COVID, qui n’ont pas ménagé leurs efforts et à qui notre société doit en partie d’avoir pu traverser cette période troublée. Et ceci pour les personnes les plus vulnérables de notre canton. Des tâches essentielles pour notre société.

Leurs efforts ont alors permis de maintenir les prestations sociales et dans la santé. Des efforts qui ont permis de garantir les missions de l’Etat social. Pour le groupe socialiste, il est clair que l’État n’est pas un partenaire social au sens strict du terme dans les discussions salariales ou encore celles portant sur les conditions de travail, mais en aucun cas il ne peut se soustraire à son rôle de partenaire avec les établissements médico-sociaux paraétatiques.


Et en aucun cas, il ne doit être la cause d’un conflit social. L’État doit tout mettre en œuvre pour garantir la paix sociale dans le domaine paraétatique.


C’est pourquoi, nous attendons un engagement ferme du Conseil d’État pour reprendre les discussions avec les différents établissements médico-sociaux et ce dans les meilleurs délais. Car si la situation est ce qu’elle est aujourd’hui, nous ne pouvons que faire le constat que cela est en bonne partie dû au manque de gouvernance de la part de l’État dans ces domaines.


C’est pourquoi, même si l’amendement de la commission des finances aux propositions « Vie chère » du Conseil d’État en lien avec les établissements paraétatiques devaient être accepté, ceci ne constitue qu’une première étape et des discussions plus approfondies doivent avoir lieu. Et nous ne manquerons pas de le rappeler dans les prochains mois.


Car s’il est vrai que la diminution du prix de l’eau et de la participation des employeurs au contrat formation tel que proposé par le Conseil d’État, et à sa suite par la commission des finances, pourra permettre de baisser les charges de ces institutions ou établissements médico-sociaux, nous ne devons pas oublier que, contrairement aux entreprises du secteur privé qui peuvent toujours agir sur leurs prix, celles du paraétatiques ne le peuvent pas et n’ont donc d’autre choix que de se tourner vers l’État. Le personnel est fatigué et des prestations envers nos enfants, nos aine-e-s, nos personnes malades ne pourront plus être maintenues


Le groupe socialiste peut donc se rallier au compromis de la commission. Avec ce compromis, les plus démuni-e-s sont mieux pris en considération par une augmentation significatives des subsides LAMAL, mais aussi avec l’indexation de l’aide matérielle.


Les personnes ayant recours à l’aide sociale ne doivent pas être les oubliés de la crise inflationniste alors qu’ils sont les plus touchés. La précarité a augmenté depuis la crise COVID. Ainsi, par ce compromis le canton de Neuchâtel assume davantage ses responsabilités sur le volet social.


Ceci est d’autant plus important lorsque l’on sait que la situation socio-économique reste difficile dans notre canton. Un compromis qui augmente les charges de fonctionnement, mais qui sont en grande partie compensées. Des compensations qui selon notre groupe sont acceptables et ne devraient pas trop entraver le bon fonctionnement de l’État.


Mais de manière générale, le groupe socialiste ne peut que faire le constat que les crises successives donnent un autre ton à nos discussions sur le budget. Nous devons à chaque fois, mettre plus de force et d’énergie pour ne pas oublier l’impact de celle-ci pour les plus vulnérables. Des personnes vulnérables qui sont déjà ou seront impactées par la crise climatique.


Une crise climatique qui ne cesse de s’accroitre et qui fera l’objet prochainement de discussions dans notre plénum à travers le Plan climat. Mais pour le groupe socialiste continuera à jouer un rôle social dans ces différentes crises.


Le groupe socialiste acceptera ainsi le budget 2023 dans la version issue du compromis de la commission des finances.


J’en profite, pour le groupe socialiste de remercier l’ensemble du personnel de l’administration et paraétatique qui œuvre pour le bon fonctionnement de l’État.


Je vous remercie

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