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Une gestion durable à inventer

La gestion durable des ressources naturelles est un thème de politique fédérale qui m’intéresse particulièrement en tant que géologue. Une question peut se poser : pourquoi, avec une telle formation, militer depuis plusieurs années au Parti socialiste ? Tout simplement parce que cette thématique engendre de vrais choix de société, malheureusement trop souvent guidés par des réflexions financières, alors qu’ils ont des répercussions sur notre environnement et donc en retour sur notre société. De plus, ces répercussions tendent à accroître les inégalités sociales.

Les ressources naturelles n’étant pas inépuisables, nous utilisons souvent des outils fiscaux pour les gérer. La taxe sur les déchets démontre depuis plusieurs années son efficacité par l’augmentation de la part de déchets recyclés. Mais est-ce vraiment le but ultime d’une gestion durable des ressources ? À mon avis, le problème a seulement été repoussé: notre production de déchets augmente sans cesse. Or tout recyclage a un coût énergétique, environnemental et financier. De plus, selon un rapport de l’Union européenne auquel la Suisse a collaboré, si notre pays excelle dans le recyclage, il reste à la traîne pour la production de déchets.

L’utilisation de la ressource sol est également préoccupante. Malgré plusieurs avancées récentes, par la révision de la LAT par exemple, il est primordial de veiller à ce que le sol continue à remplir ses fonctions vitales. J’insiste sur le mot vital, parce que le sol joue un rôle essentiel pour nous: purificateur des eaux, stabilisateur de pentes, substrat de notre alimentation. Seule une gestion intégrée et durable des sols permet de lutter contre leur dégradation; or la Suisse ne dis pose pas de cet instrument.

Ce genre de constat, certes alarmant, a malheureusement tendance à se retrouver insidieusement associé à des initiatives de type ECOPOP, qui stigmatisent les migrants en les accusant de créer le problème. Il faut s’en rendre compte : avec la raréfaction progressive de certaines ressources, ces mécanismes de défense venant d’une frange de la population continueront de fleurir.

Alors comment résoudre le problème de la gestion durable des ressources naturelles ? Une piste souvent évoquée est l’économie verte, qui vise l’efficacité dans l’utilisation des ressources naturelles tout en favorisant la performance économique et le bien-être, selon le plan d’action du Conseil fédéral. Bien que ce concept peine à se mettre en place au niveau fédéral, il faut rester vigilant quant à son application. En effet, le pilier social devra rester au centre des préoccupations : il est inconcevable qu’un tel concept se soucie uniquement des aspects économiques. Ensuite, les instruments fiscaux choisis devront, s’il s’agit de taxes incitatives, prévoir un retour à la population (comme l’actuelle taxe sur le CO2).

Enfin, toute déduction fiscale devra être exclue, car cela impliquerait une fois de plus une perte pour les caisses de l’État et un privilège pour les hauts revenus.

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