Il serait totalement faux de penser que mon goût pour la culture ait quelque chose à voir avec mes dons personnels en la matière. J’ai bien tenté à l’âge de 6 ans de débuter une carrière musicale de flûte à bec, mais, après deux ans de cours hebdomadaires, j’ai préféré laisser ma place à d’autres plus inspirés. Si je m’étais alors lancé dans l’apprentissage de cet instrument, c’était davantage pour imiter ma sœur qui, elle, avait un certain talent. Bien que mes talents propres soient limités, j’ai eu la chance, une chance que tout le monde n’a pas malheureusement, de grandir dans un environnement où la culture tenait un rôle de premier choix. À commencer par mes voisins, une famille de musiciens, celle de ma meilleure amie Pascale. Des gens merveilleux qui m’ont fait découvrir le milieu de la musique. Parfois j’appréciais, d’autres, je dois le reconnaitre, un peu moins, mais j’ai ainsi pu m’ouvrir à des univers musicaux riches et variés.
Après ma scolarité obligatoire, je me suis lancé dans une maturité option « langues modernes » au lycée cantonal jurassien, à Porrentruy. J’y ai eu la chance d’évoluer dans une classe où les étudiantes de l’option artistique et théâtre nous avaient rejoints. Ces trois années à les côtoyer m’ont fait mieux connaître les arts de la scène. Que des amies que je voyais quotidiennement en cours puissent tenir en haleine toute une salle durant leurs différentes représentations, sans parler de l’émotion qui se dégageait de leurs prestations, m’a toujours fascinée.
En m’installant en ville de Neuchâtel pour y poursuivre mes études, je savais que la vie nocturne neuchâteloise avait connu de belles années. À mon arrivée, venant d’une ville où les jeunes se battaient pour disposer d’une salle de concert digne de ce nom, j’ai su apprécier les soirées à la Case-à-chocs. Serveuse au bar le 21 à côté de mes études, j’ai eu le privilège de faire la connaissance de nombreux acteurs culturels neuchâtelois. J’ai vu naitre des festivals comme le NIFFF ou Festi’neuch, j’ai aussi pu apprécier les fabuleuses soirées du Cargo lors de l’Expo 02.
La rencontre, durant mes années universitaires, avec mon mari Romain, musicien féru de musique électronique, m’a ouvert à la si riche vie culturelle du Haut du canton. Bikini, Plage des Six-Pompes, ancienne Poste de l’époque. Autant de soirées, de découvertes et de manifestations dans les Montagnes, à Neuchâtel mais aussi partout à travers le canton qui m’ont fait apprécier mon canton d’adoption, de le découvrir sous tant d’autres facettes. C’est cette diversité des arts, cette richesse culturelle et l’attachement pour cette région qui m’ont sans conteste fait déposer mes valises ici, dans notre canton, sans jamais que je ne me pose la question de savoir si je voulais les emporter ailleurs.
Ce sont les mêmes raisons qui me poussent aujourd’hui encore à m’engager dans cette thématique. Interpeller le Conseil d’État, questionner, déposer motions et postulat afin de voir une réelle politique de soutien à la culture se mettre en place dans notre canton fait donc sans surprise partie de mes activités régulières de députée au Grand Conseil neuchâtelois. Et c’est avec la même énergie et envie que je défendrai la culture en tant que Sénatrice à Berne. Là aussi, notre canton a une carte à jouer. La discussion sur le prochain message Culture sera très importante pour nous, notamment par rapport à la reconnaissance des Arts de rue, qui compte pour La Plage, mais aussi pour le projet de CHAR. Par ailleurs, le NIFFF, comme le Centre Dürrenmatt dépendent aussi de l’échelon fédéral et notre patrimoine, qu’il s’agisse de la classification UNESCO de l’urbanisme horloger ou des vestiges lathéniens.
Je sais le rôle essentiel que la culture joue et aura encore à jouer en faveur de la cohésion sociale, qu’elle est souvent la réponse, ou du moins favorise l’éclosion de réponses pour une meilleure compréhension, une meilleure cohésion, qu’elle soit cantonale ou confédérale.
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