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Discours cérémonie Présidence du Grand Conseil

Mesdames, Messieurs,

Je vais faire l’impasse sur les salutations protocolaires étant la dernière à intervenir.

Chères et chers ami-e-s

Chère Famille,


C’est avec une vive émotion et beaucoup de plaisir que je me présente à vous ce soir.

Le Grand Conseil neuchâtelois a décidé aujourd’hui de m’élire Présidente du Grand Conseil et ainsi première citoyenne du canton. C’est vraiment un grand honneur pour moi d’endosser ce nouveau rôle et suis reconnaissante au Parlement neuchâtelois de me faire confiance. Je me réjouis de sillonner le canton pour y rencontrer les différents actrices et acteurs de la vie associative et culturelle.


Je vois en effet cette année de présidence comme une réelle opportunité de rencontrer les habitantes et habitants de notre canton. C’est quelque chose que j’aime particulièrement en politique et qui est à la racine de mon engagement : vous parler, échanger avec vous tous et toutes et, surtout, vous écouter.


Vous écouter, nous écouter, c’est important, surtout dans ce monde plein de crises diverses et successives qui fragilisent notre cohésion sociale.


Vous le savez, il y a d’abord celle qu’on appelle la crise écologique et climatique.


La scientifique et environnementaliste que je suis ne peut que faire le constat qu’il y a urgence dans ce domaine : plus nous attendrons, plus notre inaction impactera notre société et fragilisera la cohésion sociale. L’État doit trouver des solutions car ce n’est qu’ensemble et solidairement que nous pourrons dépasser les difficultés. C’est dans cet esprit que je m’engage et je continuerai à m’engager.

Nous avons la chance de vivre dans un canton dont la nature et l’environnement sont une richesse et il s’agit de la préserver : depuis mes premières excursions scientifiques en tant qu’étudiante en géologie, je m’y emploie avec conviction.


La qualité de vie de notre canton ne se limite toutefois pas à son environnement naturel. La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a exacerbé les fragilités de notre système dans bien des domaines du volet social et ce, au sortir d’une pandémie.

Si la guerre en Ukraine a provoqué une crise humanitaire, face à laquelle nous avons un devoir d’accueil, nous devons également nous préoccuper de l’impact qu’à celle-ci sur nous, Neuchâteloises et Neuchâtelois de souche ou d’adoption.


Il y a, aussi, une réelle crise sociale. La vie chère, qui par un effet en cascades impacte le quotidien des habitantes et les habitants de notre canton. Une vie chère due à l’augmentation des prix de l’énergie, des primes-maladies et au cancer financier qu’est l’inflation induite par les soubresauts de notre histoire récente et les appétits de certains spéculateurs.


C’est avec ces constats en tête que je rencontrerai et que j’écouterai les personnes qui s’engagent dans notre canton et le font vivre. Je suis convaincue que l’État doit être le garant de la justice sociale et ceci d’autant plus en période de crise. Nous devons être à l’écoute des personnes qui travaillent dans notre canton, qui s’occupent de nos proches malades, âgés ou en situation de handicap et de nos enfants, personnes auxquelles l’État doit garantir des conditions de travail dignes.


Le canton de Neuchâtel, suite à un vote clair de la population, a été pionnier avec l’introduction d’un salaire minimum qui permet de couvrir les besoins vitaux. Je suis convaincue que c’est par ce genre de mesures que l’État contribue également à la qualité de vie et que de telles mesures sont de véritables atouts.


Vous le savez, depuis de nombreuses années, je m’engage aussi dans le champ de la culture régionale. Je souhaite que les actrices et acteurs culturels du canton soient valorisés pour leur travail, un travail essentiel qui contribue au bien-être de notre société et ainsi à la cohésion sociale. La culture est un socle important de notre société, elle permet de nous questionner, elle nous fait réfléchir, elle nous interpelle ou elle nous fait rêver.


Et on a en bien besoin !


Nous le savons, les actrices et acteurs culturel-les de notre canton ont été fragilisés par la pandémie et il y a une réelle nécessité de maintenir le terreau fertile pour garantir la cohésion sociale mais aussi au vu des enjeux qui nous attendent tels que la réalisation de la capitale culturelle Suisse à la Chaux-de-Fonds.


Alors, durant cette année de présidence, j’ai envie d’initier un réel dialogue avec les actrices et acteurs culturel-les et les politiques de notre canton. Un dialogue qui permettra de nous mieux nous connaître. Car oui, nous devons apprendre à nous connaître afin de faire avancer ensemble les projets communs.


Comme je l’ai dit cet après-midi au Château, c’est un honneur de présider un Parlement aujourd’hui majoritairement féminin dans un canton pionnier pour les droits des femmes.


Quand j’ai intégré ce Parlement, il y a 14 ans, il était bien plus masculin. On le sait le système politique de milice qui est le nôtre a été mis en place par des hommes pour des hommes et qu’il n’est pas toujours évident pour une femme de s’y intégrer. C’est aussi le constat que j’ai fait en arrivant dans le milieu travail après avoir choisi un métier majoritairement masculin.

Ceci dit, la militante et politicienne féministe que je suis sait très bien, même si cela est un pas important, qu’il ne suffit pas de voter des lois ou obtenir la parité pour que l’égalité soit effective. Pour obtenir l’égalité, nous avons besoin d’un réel changement de société. La grève féministe du 14 juin de cette année, journée pour laquelle je vais m’engager aussi bien au niveau professionnel qu’au niveau politique en tant co-présidente des femmes socialistes suisses, le rappellera abondamment.


Tous les chiffres le démontrent :

- tant qu’il y aura des inégalités salariales uniquement dues à notre genre,

- tant que les salaires resteront bas dans les professions majoritairement féminines,

tant que l’autodétermination ne sera pas au centre de tout débat,

- tant que des violences faites aux femmes seront observables,

- tant qu’il sera toujours difficile de concilier vie privée et professionnelle,nous ne pourrons toujours pas parler d’égalité.


Ainsi durant mon année de présidence, lors des représentations, je n’hésiterai pas à questionner ou interpeller sur ces questions tout en gardant le rôle qui est le mien, celui pour lequel j’ai été élue aujourd’hui.


Comme je l’ai dit cet après-midi, j’ai toujours considéré que mes mandats politiques ont été une chance et un honneur.


En effet, je me suis portée candidate, j’ai été élue, j’ai pu contribuer concrètement au débat politique et aux questions qui me tiennent à cœur, j’ai pu donner mon avis, j’ai pu proposer, j’ai pu décider et, dans certains cas, j’ai dû trancher.


Féministe depuis mon plus jeune âge, j’ai grandi et évolué avec l’idée que j’étais libre de décider ce que je voulais faire de ma vie, de décider quelle formation je voulais suivre, quel parcours professionnel je voulais mener, décider de mon engagement politique, décider de vivre comme je l’entends. Une liberté que j’ai la chance d’avoir et de pouvoir cultiver mais qui est loin d’être acquise pour toutes et tous.


Mon arrivée à Neuchâtel a sûrement été un déclic pour cette prise de conscience. Comme cela a été dit, je vivais dans une colocation à 6 personnes où j’étais la seule femme.

Cela a sûrement contribué au renforcement de mon engagement féministe, mais mes colocataires et moi avions toute et tous grandi dans le Jura, avions toutes et tous obtenu une maturité au Lycée de notre canton mais entre eux et moi, il s’est avéré clair que nous n’avions pas les mêmes droits et donc pas les mêmes chances.

En effet, pour les citoyens suisses, pas beaucoup d’inquiétude. Mais pour ceux qui avaient eu un parcours migratoire et qui ne pouvaient pas, par exemple, voter au niveau fédéral, le constat était différent.

Oui. Le canton de Neuchâtel a aussi été pionnier pour accorder un meilleur accès à la citoyenneté des personnes n’ayant pas le passeport suisse et c’est très bien, mais je sais aussi que cela reste une chance de pouvoir voter sur des objets fédéraux et d’être éligible au niveau cantonal.

Ce constat a certes été un déclic pour me décider à m’engager en politique, pour les droits des personnes issues de la migration, pour les droits des femmes, pour les droits des plus précaires et cela a guidé l’ensemble de mes engagements aussi bien politiques que professionnels, tous visant un seul but : que chacune et chacun puissent vivre selon ses besoins et ses possibilités en sécurité et en liberté.


C’est avec cette volonté que je rencontrerai la population neuchâteloise durant cette année de présidence, car on le sait bien, tout droit acquis peut être menacé en temps de crise.


Ainsi j’en arrive aux remerciements. Je remercie tout d’abord la ville de Neuchâtel, par son Conseil communal, qui m’a permis d’organiser cette cérémonie et les festivités de cette journée selon mes souhaits. En effet, n’aimant pas être sous les feux des projecteurs, j’ai rapidement proposé la tenue d’un concert ouvert à toute la population comme point central de cette soirée. Il est pour moi important que les habitantes et les habitants de notre canton puissent participer aux festivités liées à la vie du Parlement cantonal et je me réjouis du concert d’Emilie Zoé qui se tiendra sur la Place des Halles dès 20h.


Organiser un concert ouvert à toutes et tous dans le cadre d’une telle cérémonie n’a rien d’habituel, pour ceci mais aussi pour l’organisation de l’ensemble des festivités, j’aimerais également remercier Damien Vaucher de la Chancellerie communale. Je le remercie d’avoir tout de suite compris les différents souhaits et de les avoir soutenus.


Dans le même élan, je remercie également l’ensemble vocal Evelles que j’ai contacté il y a seulement 4 semaines et qui a accepté de venir chanter l’hymne neuchâtelois et un autre chant de son répertoire. J’avoue avoir tenté jusqu’au dernier moment de conclure cette cérémonie avec la Rauracienne, mais j’ai compris que sur ce point, même s’il n’est pas protocolaire je ne pouvais pas y déroger.


Je remercie également Carine Martin, qui dans les mêmes délais, a accepté de mener cette cérémonie, ceci alors qu’elle n’avait fait jamais un tel exercice, exercice maitrisé d’une main de maîtresse.


Et pour la partie gustative, je remercie Rhode Ouédraogo, de la Boulangerie de la Côte, boulangerie de mon quartier et au service les personnes du semestre de motivation de la ville. Et si vous avez un peu de chance, vous pourrez déguster le fameux Totché, tout droit venu du Jura, apporté par mes parents.


Je remercie l’ensemble de député-e-s qui m’ont élue aujourd’hui. Je remercie mon parti, mon groupe pour m’avoir accordé une fois de plus leur confiance. Et je remercie aussi tous les membres de mon parti, qui m’ont soutenue ou avec qui j’ai pu débattre, qui m’ont permis de me remettre en question et qui m’ont amené à changer de position - parfois-, ou à affirmer mes positions – souvent- , durant l’ensemble de mon parcours politique.


Des collègues de parti, qui sont aussi souvent des amies et des amis qui m’ont toujours soutenue, même dans les moments délicats. J’aurais beaucoup de personnes à remercier de manière individuelle, mais le temps me manque. Je remercie toutefois Jonathan Grétillat, pour ces mots de ce soir et pour notre engagement solidaire depuis nos débuts au parti socialiste, tout comme je remercie Corine Bolay Mercier pour le travail mené ensemble à la Présidence du parti et de groupe et surtout de notre amitié.


Je remercie toutes les femmes socialistes et toutes les militantes féministes qui m’ont inspirée, que j’ai rencontrées avec qui je mène mon combat pour davantage d’égalité.

Et j’en profite pour remercier ma co-présidente Tamara Funiciello, la Rosa Bloch-Bollag des temps modernes, pour son courage et sa détermination dans notre lutte commune tout comme je remercie Tamara, mon amie qui a su trouver les mots pour que je ne quitte pas le navire en pleine tempête.


Je remercie mes deux amis Jedi, qui ont toujours été présents durant les différentes étapes de ma vie politique et personnelles, qui n’hésitent pas à me défier sur les questions féministes et ou encore se à moquer de mon attirance pour le pink. Mais, moi je la trouve très bien ma robe.


Je remercie mes amies et amis qui m’épaulent à leur manière, sans jugement, qui acceptent que je ne sois pas toujours là, que j’arrive en retard, que je ne réponde pas toujours aux messages ou qui ne me reprochent pas de ne pas être la marraine exemplaire. Mais avec qui j’aime passer des moments à débattre de la chose politique.


Je remercie ma famille, mes parents qui ne m’ont jamais découragée et m’ont toujours apporté le soutien dont j’avais besoin, même s’ils ont toujours un peu peur que j’en fasse trop.


En pensées avec ma grand-maman qui est en train s’endormir doucement et qui m’a appris l’importance de l’équilibre de la nature.


Je remercie Romain qui m’a toujours encouragée pour mon militantisme et m’a toujours soutenue moralement et permis de concilier l’ensemble de mes engagements.


Et j’en termine avec des mots à mes enfants : Chère Juliette, Cher Célien, je vous aime et je suis fière de vous.

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